Jeff Gilniat
J’ai vu le jour en 2019.
Je suis un hôte qu’on voudrait tellement ôter de là.
Je suis imperceptible à l’œil nu mais me livre au microscope qui se donne tant de mal.
Je viens de loin mais cherche la proximité.
C’est à cause de moi que les gens s’évitent.
Je fais la une des journaux.
J’enlève les humains du décor et y mets les otaries.
Je profite du printemps et casse les projets de vacances devenus par trop une routine.
Je soulève beaucoup de questions.
C’est moi qui intrigue le monde de la médecine.
J’adore les croisières et me retrouve sur les porte-avions et les navires de guerre.
Je fais escale où je veux et fais le tour du monde en moins de quatre-vingts jours.
J’impose le chômage et rends attentif aux failles du système.
Je suis résistant bien plus qu’on ne le croit.
C’est moi qu’un barbu marseillais pense combattre avec de la chloroquine.
Je tiens le monde en haleine et coupe le souffle à des personnes indépendamment de leur grade.
Je ne fais pas exception de personne, n’étant pas un vilain.
Je n’aime pas l’hygiène ni les désinfectants, mais j’adore quand on se serre la main et que les gens éternuent dans le vent.
Je hante la tête des politiciens et m’insère dans toutes les sphères sociales.
C’est moi et encore moi.
Je contamine, donc je suis.
Je suis là et les gens sont las de moi.
Chaque jour j’ai rendez-vous avec les Parques et la Grande Faucheuse pour la moisson.
Vous l’aurez compris, je suis celui dont on parle en ce moment.
C’est moi qui ai droit à un site littéraire et qui reste une énigme même en me nommant.